Écrire

L’écriture est une activité importante chez Daniel Buren, dont Les Écrits, 1965-2011, publiés une première fois en 1991 puis une seconde en 2012, témoignent de façon particulièrement évidente.

A l’inverse de l’idée reçue que, d’un côté, l’artiste fait et, de l’autre, le critique, l'historien écrivent, Daniel Buren mène les deux activités de front. Parcourir ses textes, c’est suivre l’évolution d’une œuvre, d’une pensée, ses remises en question, ses contradictions parfois, son développement et son approfondissement au fil du temps.

Cependant, Daniel Buren demande à son lecteur de recontextualiser les textes : ce sont des écrits d’artistes, produits à un certain moment, dans un certain contexte, ni plus, ni moins. Ensuite, il faut garder en mémoire que, contrairement à d’autres écrits d’artistes, ces réflexions sont exclusivement produites par son travail : l’impulsion vient des œuvres, du « faire », ce ne sont pas – sauf certaines exceptions qui confirment la règle - des textes-manifestes qui auraient engendré des œuvres par la suite. Enfin, la lecture de ces nombreux textes ne saurait dispenser le lecteur de voir et d’expérimenter les œuvres elles-mêmes.

À la question « Pourquoi écrire ? », Daniel Buren a répondu précisément20. Entre nécessité, urgence, volonté de « pallier les carences et la médiocrité de la critique », réflexion distante, commandes ou pur plaisir, l’écrit « permet de parler de ce dont la peinture ne peut pas parler, parce qu’elle s’appréhende au coup d’œil, incapable de tenir un discours sur elle-même. »

Le visuel et l’écrit : deux régimes avec leurs spécificités, l’un n’étant pas réductible à l’autre, l’un ne contredisant pas l’autre : « On peut admettre [...] que si le « dire » visuel fondamental est par essence « muet », cela n’empêche pas que l’on puisse en parler, de la même façon que l’on peut parler d’un bon repas mais que cela ne suffit pas pour se nourrir. » dit Daniel Buren.

Des premiers tracts collectifs jusqu’aux modalités techniques des travaux, en passant par les entretiens, les notices, les lettres ouvertes et réponses aux critiques, les écrits de l’artiste ainsi réunis constituent un formidable outil d’analyse et sont une incitation permanente à faire l’expérience de l’œuvre.