Sha-kkei ou Emprunter le paysage

En 1985, Daniel Buren est l’invité du festival d’Ushimado au Japon. Il est frappé par le site exceptionnel, ses nombreuses îles, son relief accidenté, contrastant avec l’impressionnante jetée du XVIe siècle, parfaitement rectiligne et de 400 mètres de long, qui se déploie dans le port. Il propose alors deux travaux en corrélation : sur la jetée sont disposés, face à la mer, deux-cents drapeaux de dix couleurs différentes, réunis par groupes de vingt et installés suivant l’ordre des couleurs de l’arc-en-ciel. Sur les collines environnantes sont positionnés cinq panneaux carrés de trois mètres de côté chacun, découpés par une forme géométrique simple (cercle, losange, carré, triangle), et recouverts de l’outil visuel. Ces panneaux encadrent les drapeaux situés en contrebas et proposent des points de vue. Le paysage environnant est également « encadré », ce que les japonais traduisent par : « emprunter le paysage » (Sha-kkei).