© Daniel Buren, ADAGP, Paris et Construire, Paris.
Au centre de l’œuvre
MS : Au centre de l’œuvre se trouve un espace « découvert » où vous placez des podiums sur lesquels le public est invité à monter et dont les faces supérieures sont recouvertes de miroir. Quelle est la fonction de cet espace ?
DB : On peut imaginer, de manière quelque peu métaphorique, que les visiteurs, dès leur entrée dans la grande nef, vont déambuler dans une « forêt » de poteaux verticaux blancs et noirs formés par les pieds supportant les cercles colorés et, poursuivant la même métaphore, on pourrait dire qu’au cœur de cette « forêt » se trouve une « clairière », espace circulaire et vide, lieu soudainement « libre » permettant de s’arrêter ou de se reposer avant de continuer la visite. Dans cette clairière, l’« ombrelle » colorée n’est plus juste au-dessus de la tête des visiteurs mais à près de 35 m plus haut. Cet espace soudainement « vide », comparé à celui quelque peu encombré que le visiteur vient de traverser, devrait lui faire prendre conscience, en « l’aspirant » soudainement vers le haut, du côté spatial de l’édifice et du volume d’air, de clarté et de lumière qui l’habite. La coupole devient alors comme une énorme sphère, sorte de ballon dirigeable, qui s’élèverait tout à coup librement vers le ciel, sorte d’appel d’air irrésistible, en contraste avec tout le reste du dispositif surbaissé.
Les miroirs circulaires, sur lesquels on peut s’asseoir, s’allonger, marcher, réfléchissent et jouent avec l’image de la coupole centrale, dont le dessin et la couleur sont, au premier rayon de soleil, projetés directement sur le sol.