Entrée principale de la nef du Grand Palais. Photo Didier Plowy.
Quelques remarques succinctes sur cet ensemble de 11 dispositifs différents
Ce texte, étant écrit plus de deux mois avant la mise en place du projet, en retrace bien évidemment les grandes lignes mais omet des détails qui, peut-être, se révéleront importants.
1°) L’entrée par le Nord de la nef devrait pallier la difficulté créée par l’entrée habituelle centrale (côté Est du bâtiment) qui projette le visiteur immédiatement au centre de l’ensemble, rendant presque accessoire le reste de l’exposition. D’autre part, cette entrée est sans doute l’élément constructif le moins intéressant de tout ce Palais, tant elle est pompeuse, disproportionnée et lourde. Très massive, elle semble avoir pris la place entière de la travée côté Est sur laquelle elle devrait déboucher et qui, de fait, n’existe pas ; d’où cette impression extrêmement inconfortable d’entrer dans un lieu qui semble à la fois non terminé et qui s’offre en apothéose avant même d’avoir pu être appréhendé à sa juste mesure. Cette entrée est d’autre part, en complète contradiction visuelle avec la finesse extraordinaire de la nef proprement dite, vingt fois plus grande mais tellement plus légère, tellement plus fine.
2°) On va donc devoir marcher dans le sens de la longueur et découvrir sous un autre angle, l’espace central.
3°) Cet espace, laissé vide, grâce au « trou » effectué dans le recouvrement systématique de la surface permet d’imaginer un énorme cylindre de trente-deux mètres de diamètre qui s’élève vers le haut de la coupole qui devient elle-même, en se refermant au sommet, une sorte de montgolfière aspirée vers l’extérieur.
4°) Il faut remarquer que les cercles, bien que recouverts par une pellicule colorée, sont complètement transparents et laissent donc voir parfaitement l’énorme volume sous lequel marche le public. Cette architecture apparaît alors, de pas en pas, tantôt bleue, tantôt jaune, tantôt orangée, tantôt verte, etc. Le petit triangle vide laissé d’un cercle tangent au suivant, laisse également, d’un espace circulaire à l’autre, la possibilité de confronter la couleur existante du bâtiment aux couleurs imprimées par les cercles transparents.
5°) Le Grand Palais, du côté nef où se tient MONUMENTA, est une énorme place publique où l’on peut se promener, rencontrer d’autres personnes, discuter, flâner, s’arrêter… Dans le corps même de l’exposition, on pourra également s’acheter un sandwich, boire un café, venir consulter ou acheter des livres, s’asseoir, s’allonger, courir, photographier...
6°) Ici, le ciel est plus important que les murs, d’où la recherche d’un travail procédant directement de cet aspect et en accentuant au maximum les effets.
7°) Comme tous mes travaux dans l’espace public, l’aspect de l’œuvre la nuit ne sera pas un éclairage tentant d’imiter, tant bien que mal, la lumière du jour et de retrouver son aspect dans cet espace-temps là ! Il s’agit en fait, d’un éclairage spécifique transformant, autant que faire se peut, l’œuvre diurne sous la lumière naturelle, en une autre, nocturne et électrique.
Daniel Buren
Paris, le 5 mars 2012