© Daniel Buren, ADAGP, Paris
Les noms des couleurs
Marc Sanchez : Les couleurs sont placées au tout premier plan dans ce projet : vous avez souhaité qu’on les voie, qu’on y pénètre, qu’elles se projettent sur le lieu et sur ses visiteurs. Mais vous avez également voulu que leurs noms soient parlés, entendus, et ce dans de nombreuses langues différentes. Pourquoi ce son dans l’exposition et comment ferez-vous entendre ces noms de couleurs au public ?
Daniel Buren : Il s’agira là d’intervenir, au moyen du son, sur le volume de cet espace, de mêler ce son avec l’air ambiant en utilisant un dispositif très spécifique et particulièrement sophistiqué qui touchera le visiteur, où qu’il se trouve dans l’espace, en le happant par surprise plutôt qu’en lui infligeant un son constant et uniforme. Ce son sera constitué de mots qui seront, d’une part, l’énumération simple et brutale des noms des quatre couleurs utilisées, auxquels s’ajoutent le blanc et le noir, et, d’autre part, des chiffres et des nombres. Ils donnent les clés à partir desquelles tout le dispositif a été construit, et ils se concluent par le nombre total de cercles colorés qui occupent l’espace .
Cette trame textuelle sera énoncée en une quarantaine de langues différentes, parlées dans le monde entier telles que le créole, le gaëlique, l’hébreu, le tchèque, l’albanais, le français, l’allemand, le finnois, l’arabe, l’anglais, l’espagnol, l’italien, le berbère, le portugais, le turc, etc. Chaque locuteur dira les couleurs dans l’ordre alphabétique de sa langue respective et un travail additionnel, purement sonore et de mixage, sera effectué sous la direction d’Alexandre Meyer.