© Daniel Buren, ADAGP, Paris
Une architecture basée sur le cercle
Marc Sanchez : Comment, depuis l’origine, ce travail s’est-il construit et développé ?
Daniel Buren : Le déclic se fit lorsque je m’aperçus, enfin, que toute cette architecture de fer et de verre était fondée sur le cercle et que tout le bâtiment était dessiné en utilisant un compas pour outil principal ! J’ai alors fait des dizaines et des dizaines de croquis. Et c’est à partir de ces croquis que nous avons commencé à discuter avec Patrick Bouchain et Loïc Julienne, mais aussi avec Jean-Louis Froment, à qui j’avais demandé de m’accompagner dans les toutes premières réflexions sur ce projet.
Nous avons ainsi entrepris une sorte de partie de ping-pong incessant : croquis, discussions, échanges, nouveaux croquis, améliorations, discussions, changement total d’approche, nouveaux croquis, discussions, etc.
Puis, après cette série d’allers-retours constituée de projets non pas de plus en plus au point mais plutôt très différents les uns des autres, nous avons décidé de faire un premier pas décisif et de retenir l’une de ces propositions encore balbutiantes. J’ai alors accepté de me jeter à l’eau et les architectes ont réalisé une maquette pour mieux prendre la mesure du lieu, mieux appréhender son gigantisme et tenter de saisir le juste rapport qui devait être instauré avec les éléments qui constituaient mon projet naissant .
C’est alors que les décisions relatives aux proportions ont été prises. La plus importante, pour moi , était la confrontation entre un dispositif placé relativement bas – une sorte de plafond constitué d’une accumulation de centaines de cercles colorés et transparents – et la très grande hauteur de la nef du Grand Palais. J’attends, de cette tension extrême, non pas la mise en valeur sensible de la grande taille du bâtiment, mais plutôt la mise en évidence de son volume, laissé aussi vide que possible. Comme pour donner une forme à l’air qui y circule.