©Daniel Buren / ADAGP, Paris.
Le mouvement
Pour Daniel Buren, le spectateur doit être actif et explorer une œuvre sous différents points de vue ; l’œuvre elle-même doit prendre en compte cette dimension : certains de ses éléments ne s’apprécient qu’avec le mouvement, et elle peut elle-même être mobile.
Daniel Buren a exploré en profondeur les possibilités offertes par le mouvement. En 1975, il a réalisé un ballet dans les rues de New York, à l’échelle de la ville (Seven Ballets in Manhattan). Pendant sept jours, sept acteurs ont porté à bout de bras des pancartes affichant l’outil visuel : les bandes colorées alternées blanches et colorées, en lieu et place des habituels slogans, messages publicitaires ou de revendications. Ils marchaient chaque jour dans les rues d’un quartier différent, selon les instructions et la chorégraphie précise de l’artiste. Un étrange ballet qui interrogeait, brouillait le paysage habituel, faisait lever les yeux en l’air, se mêlait à la mobilité incessante de la ville, un travail en mouvement permanent.
On y retrouve l’idée de la déambulation, de l’inéluctable relation entre un objet et son contexte, et de l’instabilité, de la multiplicité des points de vue et des perspectives. Cette fois, c’est l’œuvre elle-même qui prend en charge ce mouvement et l’impose au spectateur.
Daniel Buren a ainsi orchestré plusieurs œuvres performatives ou évolutives. Ici, les couleurs se dévoilent, là, elles changent au fil du temps et du mouvement. Ces démarches nous rappellent combien son œuvre est à rapprocher des modalités du théâtre ou même du cirque (Daniel Buren participe, depuis une douzaine d’années, à l’aventure d’une compagnie de cirque pluridisciplinaire, le Buren-Cirque).
L’œuvre d’art ne tient plus figée dans son cadre, accrochée au mur du musée, elle passe par la fenêtre et vagabonde. Le mouvement devient son moteur : le vent gonfle les drapeaux, les bannières, comme les voiles de bateau, les bus et les trains emmènent l’art sur leurs chemins, les escalators deviennent cascades, les couleurs et les formes fuient et s’adaptent sans cesse, rien n’est établi. Au regard et au corps de se mettre en mouvement, à leur tour.